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Prévention et santé au travail Témoignage
Publié le 27 juillet 2021 Modifié le 14 juin 2023
Auteurs
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    Les experts Relyens
Temps de lecture : 4 minutes

Interview d’Amélie Roux, Responsable du pôle Ressources Humaines de la FHF, et Quentin Henaff, Responsable-adjoint

Amélie Roux et Quentin Henaff
Responsable du pôle Ressources Humaines et Responsable-adjoint de la FHF

Quelle perception ont aujourd’hui les personnels hospitaliers de leur qualité de vie au travail ?

Aujourd’hui, on observe un décalage assez fort entre l’image des conditions de travail à l’hôpital, qui est extrêmement dégradée, et la perception que les agents ont de leurs conditions de travail.

Il y a un enjeu assez propre à la QVT dans les services de soins. En effet, la prise en charge continue des patients implique des contraintes particulières, qu’il s’agisse des temps de travail, du travail de nuit, de la conciliation des temps privés et professionnels.

Si les personnels hospitaliers intègrent depuis longtemps ces contraintes liées à la permanence des soins et à la continuité d’activité, certains expriment néanmoins un sentiment de dégradation des conditions de travail, lié notamment aux réorganisations et à la sur-sollicitation dans un contexte d’absentéisme parfois élevé, avec des rappels pendant des périodes de congés… Ce sentiment est aussi lié à l’intensification du travail, du fait de la rationalisation des coûts et de l’évolution des techniques médicales : réduction de la durée moyenne de séjour, prises en charge plus aigües des patients.

Un des enjeux de la QVT est de concilier la qualité de la prise en charge des patients, et un équilibre entre les contraintes que subissent les personnels et les bénéfices qu’ils en retirent sur le sens du travail. En effet, une très forte quête de « sens au travail » et de « reconnaissance » a un impact positif sur la QVT. En dépit des contraintes, c’est gratifiant d’appartenir à un collectif qui rend un service indispensable à la population. On a la chance d’avoir des agents qui savent qu’ils sont utiles et qui sont fiers de leur métier, encore plus aujourd’hui qu’ils ne l’étaient auparavant.

La crise sanitaire a apporté d’une part un regain de sens pour beaucoup d’acteurs et aussi une forme de prise de conscience nationale de la nécessité de mieux valoriser les métiers du soin. On voit d’ailleurs que les formations médicales et soignantes tirent un profit d’attractivité important, avec une hausse du nombre d’étudiants qui s’engagent dans ces carrières. Cet engouement pour les métiers qui ont du sens est pour nous un signal positif.

Quelles initiatives ont pu être prises pendant la crise sanitaire, en matière de QVT ?

Beaucoup d’initiatives ont été prises pendant la crise pour accompagner les professionnels dès le départ. Tout le monde a perçu l’enjeu d’accompagner les agents, au travers de formes très variables. 80 à 90 % des hôpitaux avaient notamment mis en place un dispositif de soutien psychologique. A ce titre, l’exemple du GHR Mulhouse Sud Alsace, qui a reçu le prix spécial de l’Innovation en Ressources Humaines de la FHF et l’adRHess, est remarquable. Particulièrement impacté par le Covid-19, avec des personnels exposés à un haut niveau de stress, l’établissement a mis en place assez rapidement un dispositif d’accompagnement, au travers d’une Unité Ressources et Soutien, qui permettait à la fois d’écouter et orienter les professionnels en fonction des symptômes et des besoins, de prendre en charge les différents troubles physiques, et d’apporter un soutien psychologique par des prises en charge individuelle.

C’est paradoxalement un moment où on a vu de manière spontanée se mettre en place beaucoup d’initiatives et un véritable élan national de solidarité. En tout cas, cette période ne doit pas être vue comme un moment de pause sur la QVT, au contraire c’est peut-être un moment où on avait un accompagnement très fort parce que tout le monde voulait contribuer à l’effort national et soutenir les soignants en première ligne (exemple des dons de repas, prestations de livraison de course, prestations de services à la personne de type massage, coiffeur ou autres).

Au sortir de la crise sanitaire, quels sont les enjeux pour la QVCT ?

Au niveau local, il y avait déjà toute une dynamique de fond engagée, pour améliorer le management, fluidifier l’organisation des équipes, renforcer la formation des responsables médicaux et des responsables soignants.

Après, il y a une dimension évidemment nationale pour renforcer la QVT. Pour avoir une réflexion de fond sur la qualité de vie au travail, il faut travailler sur la prévention et donner un cadre qui permette de mettre en œuvre cette politique dans la durée, avec des éléments d’appui et de soutien pour financer des actions pérennes.

Il y a une ambition portée par le Ségur qui doit innerver toutes les politiques RH, médicales comme non-médicales : rendre les agents acteurs des politiques mises en œuvre et travailler sur les différentes dimensions de la QVT : contenu du travail, qualité du travail, qualité de l’environnement de travail, temps d’échanges… La prime d’engagement collectif doit justement permettre de donner du sens à des projets d’investissement particuliers de certains agents et de valoriser mieux les professionnels qui s’engagent sur des projets.

La notion de QVT a plus que jamais été remise au centre par la crise sanitaire.

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